2009/01/14

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  • Dons du sang : «Un risque trop élevé chez les gays»
  • Libération, 2009-01-14 # Recueilli par Eric Favereau
Alors que les collectes s’élargissent, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, explique pourquoi les homosexuels en restent exclus.

Vous venez de signer un arrêté encadrant les dons du sang. Est-ce à dire qu’il y aurait de nouveaux problèmes de sécurité sanitaire ?
Non. Il s’agit de l’application d’une directive européenne qui impose la rédaction d’un arrêté sur la sélection des donneurs. Cette signature intervient dans un contexte où l’Etablissement français du sang invite aux dons. J’en profite pour lancer un appel pour répondre à ce problème conjoncturel. Nous sommes aussi confrontés à un problème structurel pour maintenir notre autosuffisance. Et cela, il faut le faire en préservant la sécurité sanitaire.

Pourquoi a-t-on besoin de plus en plus de produits sanguins ?
Il y a de multiples facteurs. Les trois principaux sont, en premier lieu, le vieillissement de la population ; en deuxième lieu, de nouvelles indications thérapeutiques et, enfin, la confiance retrouvée des praticiens dans la transfusion sanguine. Nous sommes schématiquement sur une augmentation, autour de 3 % par an, des demandes de produits sanguins. Ces produits sont et resteront irremplaçables.

Vous élargissez les possibilités de dons du sang …
Oui. Pour le premier don, l’âge a ainsi été relevé à 65 ans. Les donneurs réguliers pourront le faire jusqu’à 70 - avant, c’était 65 ans. De même, le nombre maximum de dons passe de 20 à 24 par an, tous types confondus. Le but est de toujours pouvoir satisfaire les demandes.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui ?
C’est le cas, mais cela peut être parfois tangent. Ces jours-ci, comme souvent en début d’année, il y a moins de donneurs, certains sont grippés, etc. Il faut être vigilant. On a habituellement, pour ce qui concerne le stock de globules rouges, des réserves de treize jours. Aujourd’hui, elles sont tombées à dix jours en France - huit en Ile-de-France. Il faut augmenter les prélèvements. Les donneurs donnent 1,7 fois par an. Le simple fait de le faire deux fois améliorerait la situation.

Quid de la sécurité transfusionnelle ? Y a-t-il eu, ces dernières années, des personnes touchées par des infections suite à une transfusion ?
Je n’en ai pas eu connaissance. Les enseignements ont été tirés des années 80, avec une nouvelle organisation de la transfusion, mais aussi avec des nouvelles technologies de détection de virus et une sécurisation très forte.

Cet arrêté reproduit les mêmes contre-indications qu’auparavant. Ainsi, tout homme ayant eu des rapports sexuels avec un homme ne peut pas donner son sang. Pourquoi ?
C’est vrai qu’au début, quand la question s’était de nouveau posée, j’avais clairement demandé à ce que l’on étudie la possibilité de revenir sur cette contre-indication ; tout le monde connaît mon engagement personnel. J’ai sollicité l’avis des experts et des agences sanitaires pour asseoir ma décision sur une évaluation médicale solide. En matière de risques liés au sida, tous ces experts m’ont fait part de deux éléments. D’abord, il y a une période muette de plusieurs jours, entre le moment où la personne a été en contact avec le virus et le moment où le virus circule dans le sang et donc devient détectable. Ce qui pose un vrai problème. Ensuite, les données épidémiologiques sont incontestables : entre 10 et 18 % des gays sont contaminés, alors que ce pourcentage est de 0,2 % pour les hétérosexuels. Les situations épidémiques ne sont pas les mêmes. Il y a un risque, et ce risque est trop élevé. D’où le maintien de cette contre-indication.

Vous risquez de choquer certaines associations…
Ce n’est pas une option philosophique, c’est une question de sécurité transfusionnelle. Actuellement, je ne peux pas faire courir ce risque aux malades. Mais on surveille et, s’il y a des changements, on fera évoluer la réglementation. Tous les pays européens sont sur la même ligne. Mais vous savez, de même, toute personne ayant séjourné en Grande Bretagne pendant au moins un an ne peut donner son sang en raison des risques de transmission du prion [le virus de la vache folle, ndlr]. C’est une analyse sanitaire qui nous a fait prendre cette liste des contre-indications, rien d’autre.

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